VERSAILLES (78) | Chapelle Royale – Château de Versailles
Vitraux du XVII ème siècle
Versailles, Yvelines (78)
MAÎTRISER LA TRANSPARENCE
Les verrières de la Chapelle Royale marquent un tournant dans l’histoire du vitrail. Elles se distinguent par une maîtrise des jaunes d’argent et une volonté d’une lumière blanche parfaite. Un parti-pris esthétique et technique totalement inédit au XVIIème siècle qui démontre l’ingéniosité des artisans verriers sous le règne de Louis XIV.
On recherche alors la maîtrise de la transparence. Les couleurs chatoyantes et les techniques ancestrales du vitrail sont progressivement abandonnées pour faire place à des glaces en verre blanc et laisser une lumière neutre magnifiée les intérieurs. Obtenir un verre complètement transparent de cette dimension était alors d’une grande difficulté. La Chapelle Royale, grâce aux différents types de verres qu’elle conserve, témoigne des recherches faites par la Manufacture des Glaces (aujourd’hui St Gobain) et de l’aboutissement d’un savoir-faire exceptionnel.
RESTAURATION & CONSERVATION DES VERRES ET DES PEINTURES
Le travail de conservation que nous avons réalisé sur ces 46 baies était donc d’une grande complexité. Les verrières témoignent des interventions antérieures. On y retrouve des éléments de panneaux du XVIIème siècle, du XVIIIème siècle, du XIXème siècle et du XXème siècle malheureusement avec son mastic chargé d’amiante. Notre cahier des charges proposé et validé par le maître d’œuvre, avait pour but de conserver la totalité de ces éléments faisant partie de l’histoire de ce grand projet architectural.
La dépose des verrières a été effectuée selon la réglementation amiante en sous-section 4 puisque ce polluant était présent sur l’intégralité de l’ouvrage précisément dans les mastics posés dans les années 50 pour en améliorer étanchéité. C’est équipés de masques et de combinaisons intégrales que nous avons procédé à la dépose des fenêtres.
La première étape de notre travail consistait à référencer et authentifier chaque pièce. Les verres cassés ont ensuite été consolidé par collage ou cuivre de casse pour maintenir la lisibilité et la clarté de l’œuvre. Les bordures peintes avec émaux et jaune d’argent qui ornent l’encadrement des baies étaient très encrassées sous l’effet de la pollution extérieure et carbonaté en face interne. La présence de nombreux désordres a nécessité une attention particulière pour réorganiser certaine bordure.
Les peintres verrier de l’atelier se sont usées à la recherche de la bonne teinte ! notamment pour le jaune d’argent, la couleur dominante qui s’avère être extrêmement compliquée à restituer aujourd’hui. Les normes actuelles en ont exclu certains composants dans la composition des verres contemporain en raison de leur nocivité. Pour reproduire cette tonalité particulière, nous avons effectué plusieurs essais en variant les supports, la température et en modulant les proportions de sels d’argent « cuivre », « chlorure » et « sulfure ». La tâche était rude : trouver l’équilibre entre authenticité d’un jaune d’argent du XVIIème et les jaunes des différents restauration. Tout était une question de dosages et de recherche à laquelle nous sommes habitués.
La remise en état des baies effectuée, nous avons procédé à la repose des verrières. Notre travail de restauration et de conservation de ce patrimoine unique s’est terminée en 2020 et ce fut un honneur pour nous de faire partie des 150 artisans choisis pour participer à ce chantier d’exception de restauration de la Chapelle Royale du Château de Versailles.
Date de restauration : 2018 – 2020
Maitre d’œuvre : M. DIDIER – Architecte en Chef des Monuments Historiques
Maitre d’ouvrage : Château de Versailles
Photomontages AVANT/APRES restauration