Tapisserie de couleurs
Pierluigi Pericolo
Eglise St Léger – Orvault (44)
Un projet de création comme celui d’Orvault est relativement rare en France, le vitrail étant encore trop souvent considéré comme une matière forte à caractère religieux.
Cette commande consistait à remplacer les vitrages transparents par une série de vitraux contemporains qui animeraient l’espace de la nef et des transepts. L’agence d’architecture de Pierluigi Pericolo réalisa les croquis d’intention et opta pour une forme abstraite dont le dégradé de couleurs – vert, jaune et bleu – se retrouverait en variations et modulations sur chacune des verrières.
Pour concrétiser l’idée d’origine, nous avons traité dans un premier temps l’ensemble des baies comme une seule unité graphique. Chaque pièce a été découpée à la main puis assemblée une à une pour composer une trame dont les tracés traversent la surface des baies pour se prolonger d’une verrière à l’autre en un flux continu.
Malgré la simplicité apparente des formes et des lignes, l’enjeu majeur était de conserver la cohérence rythmique et visuelle entre les verrières. Chaque carré de couleur devait s’agencer parfaitement pour donner cet effet d’impulsion et de progression chromatique. Le réseau de plomb, utilisé pour ses qualités structurelle et esthétique, assure la stabilité des œuvres tout en soulignant la trajectoire des lignes.
Pour le rendu en dégradé, nous avons combiné des verres soufflés à la Verrerie St Just que nous avons ensuite peint ou teint. Les zones de peinture écorchée aux accents bleu nuit, ou ce jaune « paillettes » retravaillé en atelier, viennent également intensifier l’élan ascendant de la composition: il fallait emmener le regard vers les hauteurs.
Au final, toutes ces verrières communiquent à l’unisson comme une large tapisserie étendue sur les murs de la nef et des transepts. Ses couleurs s’affranchissent du cadre des vitraux pour inonder l’édifice qui devient alors une surface d’expression quasi illimitée de la lumière.